J'écoute Debour sur le Zinc, et putain c'que j'me

J'écoute Debour sur le Zinc, et putain c'que j'me reconnais encore. Tous les beaux idéaux qui m'ont construit ne résonnent plus en moi comme avant. On oublie, avec le temps. Ou peut-être devient-on sourd, j'veux pas jouer à l'aveugle en tout cas. En c'moment j'prend conscience de beaucoup d'choses. Je sais que je vais devoir travailler cette année, pour avoir ce putain d'bac. Je sais aussi ce dont j'ai envie d'faire, et j'me vois nulle part ailleurs. C'est comme une évidence, même si tout n'est pas clair car c'est certain, j'suis bien trop jeune. Tout ça m'fait peur aussi. Je fais une croix sur toutes mes promesses, toutes mes envies et mes espoirs aussi, mais pourtant j'ai le choix, on a toujours le choix merde. Je me dégoûte moi-même en fait. Vivre Libre ou Mourir.. Et puis tout se bouscule d'un coup. Il n'est plus là, et j'suis moins indifférente que je n'le pensais. Pourtant c'est la vie. Un jour on fait la salope, le lendemain on s'fait couillonner. Un jour on s'en fout, le lendemain on est amoureuse. Et ainsi de suite, ce sera toujours comme ça. Au revoir Gamin. Aujourd'hui aussi j'ai enfin dis au revoir à papy. La boule dans la gorge et les larmes qui montent, mais on se mord la lèvre jusqu'au sang pour rien faire paraître. On a pas l'droit d'être faible, pas devant la femme qui l'a aimé toute sa vie. Et je t'ai détesté maman, tu pleures sans pudeur et tu sais que j'ai mal. Tu veux me réconforter et m'montrer que tu es là si j'ai besoin, mais je n'ai besoin que de lui, de personne d'autre. J'suis grande, je sais être forte. Pas besoin de pitié, de larmes, et de tout le reste. Juste de ce silence qui résonnera longtemps encore. J'ai tellement besoin des autres que je ne saurai leur avouer. Je finirai par m'faire bouffer, il me l'a dit. On n'peut faire confiance qu'à soi, et moi je fais confiance à n'importe qui plutôt qu'à moi. Mais c'est pas grave, hein. Tout ira bien, je le sais. Oui maintenant ça va. Alors tu n'as pas l'droit maman, tu n'peux pas tout te permettre non. Hier aussi je t'ai détesté. T'avais pas l'droit d'dire ça. T'es à la limite de l'anorexie, ma fille. Non, pas le droit. Y'avait personne y'a quelques mois. Y'avait personne quand je ne mangeais plus que le soir et que mon ventre et mes cuisses se creusaient. Y'avait personne quand je pouvais dire Je n'ai pas mangé depuis deux jours. Y'avait personne quand je supportais la pesée hebdomadaire chez le médecin. Y'avait personne quand j'me prenais le mot anorexie en pleine gueule. Y'avait personne, non. Bien sûr c'est d'ma faute. J'ai tout nié, j'assumais pas. Et vous, vous faisiez les aveugles. Vous faisiez semblant d'me croire. Pourtant vous saviez que je ne mangeais plus. Pourtant vous les voyiez les os qui apparaissaient de plus en plus. Et surtout vous le dites vous-même, je ne dirai jamais que ça va pas. Alors merde, t'as pas l'droit non t'as pas l'droit. J'commence à peine à assumer ce corps qui est bien le mien, alors t'as pas l'droit de me narguer avec cette putain d'phrase, t'as pas l'droit. Surtout pas en ce moment. J'suis tellement angoissée. Par cette rentrée, par le futur. Et puis j'suis tellement en manque aussi. J'ai besoin d'affection et d'amour. Et puis aussi de Shit. Plus d'argent, plus rien. Et non, j'ai pas arrêté maman. Bien sûr j'suis pas accro mais là tu vois j'ai un besoin vraiment présent d'me défoncer à quelque chose, et si c'est pas l'Shit ce sera bien plus violent. Alors ouais, j'te mentirai encore. Et j'suis prête à le baiser pour ces putains d'plantes qui m'feront m'évader un peu. J'en ai tellement besoin. J'suis plus capable de supporter tout c'que j'ai djà enduré. Alors ouais, j'choisi la facilité. Et tu vois j'suis même pas désolée d'te déçevoir, j'en ai toujours rien eu à foutre de l'honneur et de toute cette connerie. Et ce délit de sale gueule, je le supporte plus. Alors j'continuerai dans l'extrême, toujours plus. Que ça te plaise ou non, Maman.